Les jours passent et les billets s'espacent. Bien évidemment notre vie est moins palpitante qu'elle ne le fut les semaines suivant notre débarquement. Nous commençons doucement à entrer dans cette petite répétition journalière que l'on appelle communément le train-train quotidien. Surtout pour Aurore qui jongle de plus en plus habilement entre la marche à pied, les bus, les Subways et les GO Trains, du moins quand ces derniers affichent une certaine ponctualité (ce qui est loin d'être le cas !).
Alors pour mettre un peu de piment dans notre existence de travailleurs, mais surtout pour alléger les journées d'Aurore, nous nous sommes lancé un nouveau défi : l'achat d'une voiture.

J'ai donc décidé de faire un petit laïus sur les déboires que nous rencontrons. Si certains ne trouverons pas un grand intérêt dans ces explications, cela aidera certainement les futurs expatriés ontariens qui visiteront ces pages (et qui sont de plus en plus nombreux…).

Il faut savoir que l'achat d'un véhicule à Toronto n'a rien de très compliqué. Soit on opte pour un particulier en faisant appel au très populaire site internet Craigslist qui recense un nombre important de petites annonces en tout genre, soit on se rend tout simplement chez un concessionnaire automobile. Etant un peu frileux de nature, nous optons, en ce qui nous concerne pour un concessionnaire. D'autant que payer une voiture nécessite d'avoir quelques dollars sur le compte en banque. Et bien oui, figurez-vous qu'ici non plus, ils ne donnent pas la voiture sans quelques billets en retour.  Et si nous avons quelques économies, les premiers salaires d'Aurore n'étant pas encore tombés, nous ne pouvions envisager l'achat d'un véhicule "cash". Nous envisagions donc de le financer sur 2 ou 3 ans. D'autant que la période est relativement propice. L'économie automobile n'étant pas en grande forme en Amérique du Nord, il est même possible d'obtenir des financements à 0% pour acheter un véhicule d'occasion. Séduits par cette offre, nous tentons d'obtenir plus d'informations. Et malheureusement pour nous, c'est un peu la douche froide.

En effet, si le crédit est légion au Canada (au même titre qu'aux USA), il est fondamental pour tout consommateur de posséder un "historique bancaire". En réalité, un établissement bancaire désire savoir si l'on est un bon "rembourseur" avant de prêter son argent. Et là encore, notre récente expatriation n'arrange pas les choses. Nous ne possédons pas d'historique bancaire au Canada, et cela nous vaut quelques grimaces de la part de nos interlocuteurs. De plus, nous nous rendons compte d'une gaffe que nous avons faite lors de notre arrivée sur le territoire canadien. En effet, ma lettre d'embauche stipule que mon contrat est d'une durée d'un an, renouvelable deux fois (soit 3 ans pour ceux qui ne suivent pas). Du coup la personne qui a rempli notre visa à l'aéroport, nous a fait un visa d'un an seulement. Nous n'aurons certes pas de problème pour le faire prolonger d'ici là (moyennant 150$ par personne quand même), mais pour l'instant nous sommes censés quitter le territoire dans 9 mois selon notre visa. De plus, le délai nécessaire à la prolongation d'un visa est de… 79 jours. Pour le moment, il est donc inenvisageable pour un établissement financier de nous faire un crédit sur deux ans… compte tenu que nous "devrions" être partis avant. Bref, nous faisons une croix sur un tel financement pour notre voiture. Nous ferons donc rapatrier de l'argent de nos comptes français et nous la paierons "cash".

Cependant, si vous croyez que la partie budget est à ce stade résolue, vous vous trompez. En effet, la partie la plus ardue du projet "voiture" concerne l'assurance. Il faut savoir que l'assurance automobile en Ontario bat tous les records en termes de tarifs onéreux. Cela s'explique par le fait qu'en Ontario, contrairement à d'autres provinces canadiennes comme le Québec par exemple, le fond de protection de responsabilité civile est à la charge de l'assuré. Ceci dit, nous étions prévenus par de nombreux témoignages d'expatriés rencontrés sur le forum Torontois.com. Nous avons donc fait quelques demandes à droite et à gauche afin d'obtenir des devis. Quelle ne fut pas notre surprise en obtenant des montants astronomiques. Les deux premiers devis s'élevait à 7000$ par an !!! Si, si, vous voyez bien trois zéros après le sept. Autant dire qu'à ce prix là, il vaut mieux investir dans l'achat d'une rame de GO train. Le problème majeur que rencontre tous les expatriés en Ontario, c'est qu'il est quasiment impossible de faire falloir son expérience de conducteur hors du Canada. Ainsi, nous sommes considérés comme de jeunes conducteurs. Ils prennent comme référence la date d'obtention du permis de conduire ontarien. En effet, il nous est obligatoire d'échanger notre permis français (notre jolie carton rose avec notre belle gueule de pré-ado boutonneux) contre une carte en plastique (façon carte vitale avec photo) faisant office de permis canadien. Le permis français n'est valable que pour une durée de trois mois suivant la date d'arrivée sur le territoire. Ensuite vous pouvez être considérés comme hors-la-loi si vous conduisez. Et attention aux âmes sensibles, ce qui suit risque d'être une lecture traumatisante. Figurez-vous que l'échange de permis n'est possible que suite au renvoi de votre permis français à la préfecture qui l'a édité, où il sera irrémédiablement… détruit. R.I.P my french driving licence…

Mais revenons-en à nos moutons. Donc après quelques devis scandaleux (d'autant qu'ils vous disent faire tout leur possible pour obtenir ces meilleurs prix !), nous avons fini par trouver quelques établissements qui nous proposent des devis inférieurs à 2000$/an. Certes ce n'est pas donné non plus, mais cela correspond plus à ce qu'il est habituel d'obtenir à Toronto. Nous n'avons cependant pas dit notre dernier mot et espérons faire encore baisser les prix.

Nous nous donnons encore un mois pour trouver notre futur carrosse. Au premier mars, c'est sûr, Aurore ira au travail en voiture… (espérons que ce pronostic se révélera exact !). Ceci dit, même si mon rêve était d'aller chasser le caribou à bord de mon pick-up américain… le choix risque d'être plus conventionnel, mais ce ne sera que partie remise.